Du néolitique à nos jours

Fouilles archéologiques sur la zone d’activités

Les fouilles réalisées dans la zone d’activités écono­miques de Holtzheim en 2000 et 2001 par la société ANTEA, ont permis de compléter l’étude d’un vaste habi­tat préhistorique découvert en 1994 à l’emplacement des actuels abattoirs. Les décapages entrepris ont mis au jour les vestiges d’occupations de diverses époques. Le décapage des couches superficielles du terrain per­met en effet de repérer les structures archéologiques, généralement des fosses remplies de sédiments de tein­te sombre se détachant nettement sur le substrat natu­rel loessique.

La plus grande partie des structures archéologiques étu­diées appartiennent au Néolithique , période marquée par l’apparition de l’élevage, de la céramique et bien sûr, de l’agriculture. Les populations établies sur le secteur fouillé appartiennent plus précisément au Néolithique récent, période représentée en Alsace par les cultures de Michelsberg et de Munzingen qui se développent entre 4200 et 3500 ans avant J. C.

Les vestiges laissés par ces populations sont peu spec­taculaires : il s’agît principalement de fosses de plans circulaires, plus ou moins profondes, destinées au stockage des céréales. Nombre de ces silos, une fois désaf­fectés, ont été remplis de détritus parmi lesquels on note des restes d’animaux domestiques dont le chien, des outils en silex, des haches en pierre polie, des poinçons en os et de nombreux fragments de céramique.

C’est l’étude de ces différentes catégories d’objet qui per­met à l’archéologue d’identifier les groupes présents sur le site et de restituer certains aspects de leur culture. La plus grande partie du mobilier recueilli sur le site de Holtzheim est constitué de céramique, marqueur culturel dont nous repro­duisons ici quelques formes. L’étude de la faune par un archéozoologue a permis d’identifier les espèces consommées parmi lesquelles figurent le bœuf, le porc et le mouton.

Au Néolithique récent, les silos désaffectés font parfois offices de tombes : ce phénomène est bien documenté en Alsace et particulièrement à Holtz­heim où plusieurs sépultures de ce type ont été mises au jour. Les individus inhumés reposent généralement sur le côté, membres inférieurs flé­chis (cf. cliché). Il n’est pas rare qu’un même silo accueille deux ou trois individus.

Les autres périodes chronologiques attestées sur les secteurs fouillés sont moins bien représentées: elles se rapportent à l’Age du Bronze final (entre 1200 et 850 avant J.C) et à l’époque gauloise.

Article réalisé par M. Philippe Lefranc -Archéologue-. Les résultats de ces deux campagnes de fouilles sont exhaustivement publiés dans les Cahiers de l’Association pour la Promotion de la Recherche Archéologique en Alsace (CAPRAA) n17, 2001

 

Tombe néolithique découverte sur le site du Parc d’activités Joffre

 

Reconstitution à l’identique d’une maison néolithique en bordure de Bruche. Oeuvre de Jean Sainty, Bernadette Schnitzler, et d’une trentaine de professionnels et amateurs de la préhistoire

Formes de céramiques découvertes lors des fouilles de 2001

 

L’histoire du village

par Jean Klinger

Notre village est mentionné pour la première fois sous le nom de Villa Holzheim comme propriété du couvent de Lorsch (land de Hesse) dans un document daté du 7 mai 780. Toujours en 780, il ressort d’un autre document (C.L. 2622) l’existence d’un couvent à Holtzheim. A partir de 1152, le nom de Holtzheim apparaît régulièrement dans les bulles de six papes successifs plaçant l’église de Holtzheim directement sous la protection du Saint-Siège à la demande des évêques de Strasbourg.

Quant au nom de la commune, il semble faire allusion à l’existence de vastes forêts sur la rive gauche de la Bruche – ce qui était vrai autrefois et conforté aujourd’hui encore par le blason de la commune : une souche d’arbre. En réalité, le blason originel de la commune représentait Saint Laurent. Et son nom, le Dictionnaire des Noms de Lieux l’impute à celui d’un Alaman Hoholf qui en aurait été le fondateur. En 840, nous retrouvons en effet la trace d’un village, Hoholfesheim, situé sur les bords de la Bruche. Selon les spécialistes de la toponymie, il s’agit bien de Holtzheim. De Hoholfesheim à Holtzheim en passant par Holfsheim, il n’y a qu’un pas…

C’est à cette époque aussi qu’il faut faire remonter la très vieille légende de Saint Pirmin, qui aurait séjourné à Holtzheim et dont le nom, vénéré par les habitants jusqu’à l’époque contemporaine, reste lié à un pèlerinage aujourd’hui tombé en désuétude. Ce missionnaire anglo-saxon, fondateur des abbayes de Reichenau et de Murbach, serait arrivé, entre 728 et 734, à Holtzheim. Quelque temps après sa mort (en 753, près de Deux Ponts dans le Palatinat), on vit, descendant le courant, une flaque d’huile qui s’immobilisa près de la cabane du saint et refusa de dériver plus loin. On cria au miracle et on recueillit l’huile. Peu après, une jeune aveugle recouvrit miraculeusement la vue. Ce fut le début du pèlerinage à l’huile sainte de Saint Pirmin qui ne fut abandonné qu’au cours de la guerre 14-18.

Les cartes les plus anciennes, avant 1759, montrent un village dont les habitations sont regroupées sur la rive droite de la Bruche, tandis que l’église se dresse, solitaire, sur la rive gauche, à l’emplacement actuel de la placette Saint Pirmin. C’était alors une petite église fortifiée, aux murs épais, entourée d’un cimetière et protégée par un fossé alimenté par la Bruche. Pour aller à la messe, les fidèles avaient le choix entre se mouiller les pieds en passant la rivière à gué ou faire un détour par un pont de bois situé approximativement au niveau de la rue des sœurs. Menaçant ruine, la petite église fut déclarée impropre au culte par une ordonnance de l’évêque le 14 mai 1777 qui impose également sa reconstruction dans l’enceinte du village. Il fallut attendre 1783 pour que soit inaugurée la nouvelle église, plus modeste que l’église actuelle et située en partie sur le parvis de celle-ci. Mais cent ans à peine après la construction de la seconde église, devenue trop petite, il fallut en construire une nouvelle. En 1866, il fut ainsi décidé de démolir l’église existante et d’en récupérer les matériaux pour la construction de celle que nous connaissons aujourd’hui.

La topographie du village des origines a été bouleversée : en 1757, sous le règne de Louis XV, on entreprit carrément de détourner le cours de la Bruche. Jusque là, la rivière, au lieu d’amorcer un coude serré juste avant le pont actuel, coupe la rue de la Bruche, traverse le parc du Gal De Gaulle et la rue de l’église et passe derrière l’ancien et le nouveau presbytère. De nombreuses crues, de 1748 à 1754 ayant miné le terrain devant l’église, emporté une partie du pont et dégradé fortement la digue de fascines qui protégeait la rive droite et en particulier le presbytère, l’Intendant d’Alsace Clinchamps ordonna le creusement d’une dérivation. Les hommes des villages du baillage de Dachstein auquel appartenait aussi Holtzheim furent ainsi requis, à titre de corvée, pour excaver le nouveau lit de la Bruche et élever les digues à l’aide de leurs propres outils. Il ne faut donc pas s’étonner si beaucoup se mutinèrent, obligeant l’Intendant d’Alsace à poursuivre les récalcitrants qui encouraient la prison, voire le bagne et la confiscation de leurs biens. C’est ainsi qu’en 1759, la Bruche entra dans son nouveau lit, tel que nous le connaissons aujourd’hui.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’histoire de Holtzheim, du Moyen-âge à la guerre de Trente Ans, de la Révolution à l’émigration vers l’Amérique et à la période allemande, sans oublier ses routoirs, ses moulins et ses écoles…. Ceux qui souhaiteraient en savoir davantage pourront consulter à la Médiathèque mon livre «Holtzheim», écrit avec la collaboration de Charles Mey, Jean-Pierre Schneider et Robert Weiss. Ils pourront aussi se le faire prêter par l’un des nombreux acquéreurs lors de sa sortie en 1991, l’édition étant actuellement épuisée.

 

Nouveau lit de la rivière après la dérivation creusée de l’actuel pont de la Bruche jusqu’à la passerelle de l’impasse des Soeurs

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